I remember a twinkle of light, a wet lip, a smell; There is no linearity, there is no order, there is no priority. I wondered if I could somehow access this way of perceiving reality and reworking it; Where there is an eye there is not necessarily an eye, but maybe a boat, an animal, a toy, where there was an argument maybe there was in fact a way to touch the hair, where there was a sky perhaps there is a word. What do these few hundred grams of flesh in my head really do when they have to evoke a time, a space, an event? Mine, like everyone’s, is an objective reality limited to what is just electricity.
Can I accept all of this when I cry, eat or fuck? Can I really accept that I am neither more nor less than a pile of meat (which maybe no one will eat) thrown into the universe? I definitely cannot accept God. The answer, which I can still forgive myself, is that I’m working on it. The most plausible solution for me as a human being has been to accept that these microcosms that we are made up of have doors, the same doors that I try to go through when I look or live or survive something that I love ; and if there are doors, there must be keys or some way to open them, no matter what the cost. My perception of reality, the way I decode it, is what determines who I am and as in the oldest tradition of human being as an animal, I would like you to see it, to watch it. The complexity of this information is so great and such that the only real research I can do, like a more disillusioned but equally heroic Ulysses in my neurons, is groping for the most faithful translation in this world. A perpetual, unstable, turbulent reading of the universe which determines another, just as unstable, just as inexplicable, but irreparably fatal.
And as far as I know, I don’t like to die.
Superimpose, explode, define, with the accuracy that matter allows me, what I am.
This is why I am acting.
De quoi je me souviens quand je me souviens ?
Je me souviens d’un scintillement de lumière, d’une lèvre humide, d’une odeur. Il n’y a pas de linéarité, il n’y a pas d’ordre, il n’y a pas de priorité. Je me demandais si je pouvais accéder d’une façon ou d’une autre à cette manière de percevoir la réalité et de la recréer. Là où il y a un œil il n’y a pas forcément un œil, mais peut-être un bateau, un animal, un jeu d’enfant. Où il y eu une dispute peut-être y avait-il en fait le geste de se coiffer. Où il y a eu un ciel peut-être était là un mot.
Que font vraiment ces quelques centaines de grammes de chair dans mon crâne quand ils doivent évoquer un temps, un espace, un événement ? La mienne, comme celle de tous, est une réalité objective limitée à de la vulgaire électricité.
Puis-je accepter tout cela quand je pleure, mange ou baise ? Puis-je vraiment accepter que je ne sois ni plus ni moins qu’un tas de viande (que peut-être personne ne mangera) jeté dans l’univers ? Je ne peux définitivement pas accepter Dieu. La réponse, que je peux encore me concéder, c’est que j’y travaille. La solution la plus plausible pour moi en tant qu’être humain fut d’accepter que ces microcosmes dont nous sommes composés aient des portes. Celles-là mêmes que j’essaie de franchir lorsque je regarde ou vis ou survis à quelque chose que j’aime. Et s’il y a des portes, il doit y avoir des clés ou un moyen de les ouvrir, quel qu’en soit le coût.
Ma perception de la réalité, la façon dont je la décode, est ce qui détermine qui je suis. Comme dans la plus ancienne tradition de l’être humain en tant qu’animal, j’aimerais que vous la voyiez, que vous la regardiez. La complexité de cette information est si grande que la seule vraie recherche que je puisse faire, comme un Ulysse plus désabusé mais tout aussi héroïque dans mes neurones, est à tâtons pour sa retranscription la plus fidèle. Une lecture perpétuelle, instable, turbulente de l’univers qui en détermine une autre, tout aussi instable, tout aussi inexplicable, mais irrémédiablement mortelle.
Et pour autant que je sache, je n’aime pas mourir.
Superposer, faire exploser, définir, avec la justesse que me permet la matière de quoi je suis fait.
C’est pourquoi j’agis.